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  • : Ananie
  • : Ce blog a pour but de présenter une vision spirituelle de la tradition chrétienne
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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 14:12

Quand on lit les psaumes, d'un premier abord, il arrive que l'on se demande en quoi ils pourraient nous aider à marcher vers la sainteté. En effet, si l'on y trouve la louange et l'Amour de Dieu, la motivation à faire le bien et la confiance, on y rencontre aussi la guerre contre les ennemis et la destruction de ceux qui font le mal, ce qui est contraire à la Volonté de Dieu car Jésus dit lui-même que nous devons aimer nos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutent car notre Père qui est aux cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons (Mt 5, 44-45).


Pour bien comprendre les psaumes, il faut savoir qu'ils parlent en images et que les combats présents dans ces louanges ne sont pas dirigés contre des ennemis extérieurs à nous-mêmes mais contre les facettes de notre âme qui s'opposent à la Volonté divine. On retrouve cette vision des choses dans la religion musulmane : pour les sages de l'Islam, la guerre sainte n'est pas une guerre à mener contre des ennemis extérieurs (à la manière des terroristes), mais c'est une guerre intérieure pour que, dans l'âme, le bien triomphe du mal, le croyant triomphe du non-croyant.


Les psaumes ont été écrits par plusieurs auteurs différents, et pourtant on les appelle « Psaumes du Roi David », ce qui peut être entendu dans un sens spirituel : David est le Roi d'Israël qui parvint à vaincre les peuples alentours, installant ainsi une ère de paix et de prospérité dans son royaume. Or, pour Origène et d'autres éxégètes, les différents peuples dont parlent la Bible peuvent être perçus comme différentes facettes de notre être (dans leurs interprétations de l'Exode par exemple, la sortie d'Egypte qu'effectue le peuple hébreu pour rejoindre la Terre Promise représente le chemin spirituel que parcourt celui qui se délivre peu à peu de l'esclavage que lui imposent les forces de son égo pour atteindre un état de conscience ou il est heureux et libre, en ce sens qu'il vit selon sa nature véritable en faisant la volonté de Dieu). Ainsi, en récitant les psaumes, on entreprend le travail du Roi David dans notre royaume intérieur pour purifier et unifier toutes les forces qui le composent et les placer dans la lumière divine afin de vivre le bonheur et la paix.


D'autre part, pour de nombreux Saints, dont Saint Augustin, on peut lire les psaumes comme s'ils étaient chantés par le Christ, et alors ceux-ci résument toute son action pour le Salut du monde. On peut également transposer cela à l'intérieur de nous : le Christ est le Fils de Dieu, l'homme pleinement unit à Dieu, et il demeure dans le coeur de tout homme. Ainsi, lorsque nous récitons les psaumes, c'est le Christ, le Fils de Dieu en nous, qui les récite depuis notre coeur pour accomplir dans le monde qu'est notre âme sont oeuvre de transformation, de purification.



Pour y voir un peu plus clair, voyons l'interprétation d'un psaume. Je précise que, comme pour toutes les interprétations des écritures, celle-ci n'est pas la seule valable car les écritures sacrés contiennent des mystères qui dépassent notre langage humain et que l'on a jamais fini de comprendre, ou d'interpréter.


On verra ici le psaume 137 (136) dont l'Eglise a oté les trois derniers versets pour sa lithurgie car jugés trop violents.

Les interprètes de la Bible TOB nous disent que ce psaume fait référence au 25ème chapitre du deuxième livre des rois qui raconte la chute de Jérusalem face à l'assault des Babyloniens.

Jérusalem, capitale de la terre promise du peuple d'Israël et lieu où se trouve le Temple dans lequel réside l'Arche d'Alliance, peut représenter l'âme de l'homme qui est éclairée et liée à la divinité. Babylone au contraire, construite par les hommes, est le lieu de leur décadence ; et elle va ainsi représenter le siège des forces de notre égo. Ainsi, sur le plan intérieur, dire que Jérusalem a été prise par les Babyloniens signifie que notre âme n'est plus en accord avec le divin et que notre être est désormais dirigé par notre égo qui choisit uniquement son confort personnel illusoire, au détriment de l'amour du prochain.

Cette situation peut concerner toute notre personnalité -parfois nous sommes complètement coupés de la lumière de Dieu- ou une partie de notre être : tant que nous ne sommes pas des Saints, cela veut dire qu'une partie de notre âme est captive des attachements de notre égo.

Les versets 1 à 6 décrivent l'état dans lequel nous nous trouvons lorsque notre âme est dominée par les ténèbres, ou l'état des parties de notre âme qui ne sont pas encore éclairées par la lumière de Dieu.


  1. Là-bas, au bord des fleuves de Babylone, nous restions assis tout éplorés en pensant à Sion.


Les eaux dans la Bible représentent souvent les impulsions du coeur, les désirs, les ressentis profonds qui habitent l'âme. Soit ce sont les eaux d'en haut et elles représentent la Grâce qui incite l'homme au bien, soit ce sont les eaux d'en bas qui représentent toutes les pulsions non purifiées de l'homme et qui le conduisent au péché. Les aspects de notre âme gouvernés par les forces de Babylones (le verset 3 nous montre que les babyloniens sont leurs « conquérants », leurs « ravisseurs ») sont assaillis par les désirs des choses extérieures et nous empêchent de trouver pleinement le bonheur dans un état de paix et de félicité intérieure. Ils sont générateurs d'une perpétuelle insatisfaction car aucun objet, aucune créature, ne peut satisfaire notre soif d'absolu.

Ces parties de notre être qui ne sont plus en harmonie avec Dieu sont « tout éplorés en pensant à Sion ». Or Sion est la montagne sur laquelle se trouvait le temple de Jérusalem ; la gravir signifit symboliquement élever son état de conscience pour parvenir à la communion avec Dieu dans le temple. Ainsi ce verset exprime la nostalgie de cet état de paix et de contentement qui se trouve au plus profond de notre coeur, là où notre être est en communion avec Dieu. Le fait d'être « assis » symbolise l'arrêt, car tout ce qui n'est pas harmonisé en nous freine notre âme dans le mouvement d'évolution auquel elle est destinée. Cette position assise peut également faire référence au fait d'être tourné vers les choses d'en bas plutôt que dressé, tendu vers le ciel.


  1. Aux saules du voisinage nous avions pendu nos cithares.


Ce verset signifie que les parties de notre être captives des forces égotiques ne prient plus, ne sont plus dans la louange de Dieu, dans la gratitude qui s'exprime naturellement chez celui qui est traversé par la Grâce.


  1. Là nos conquérants nous ont demandé des chansons, et nos ravisseurs des airs joyeux : « Chantez-nous quelque chant de Sion. »


On peut ici trouver curieux que les forces de l'égo, -selon cette interprétation-, incitent notre être à chanter « des airs joyeux », « quelque chant de Sion », c'est à dire veulent retrouver la véritable joie qui vient de Dieu. Mais en fait, toutes les forces présentes à l'intérieur de l'homme recherchent la joie, le bonheur... elles le font simplement de manière différente :

  • Quand nous sommes dans un mode de fonctionnement égoique, nous cherchons le bonheur dans les objets extérieurs, ce qui nous mène à un bonheur limité étant donné que nous ne pouvons jouir de ces objets que dans un temps limité.

  • Par contre, dirigés par l'Esprit Saint, nous cherchons le Bonheur dans la communion avec Dieu, c'est à dire dans notre être même, car Dieu est l'Être de tout ce qui est. Ainsi, par un cheminement certe plus long et qui demande plus d'efforts que la simple satisfaction immédiate, nous pouvons parvenir à un bonheur permanent car notre Dieu, l'Être, lorsque nous l'avons trouvé, rien ne peut nous l'enlever, pas même la mort.

On peut comprendre ici que les aspects sombres de notre âme ne sont pas à diaboliser : eux aussi cherchent le bien, mais ils s'y prennent mal ; ils s'agit surtout de les guérir et de les éduquer afin qu'ils se mettent de plus en plus à oeuvrer dans la bonne direction.


  1. Comment chanter un chant du Seigneur en terre étrangère ?


Ces aspects sombres sont en « terre étrangère », c'est à dire étrangers à leur nature véritable et ils nous empêchent de vivre et d'exprimer pleinement le « chant du Seigneur », la Grâce, qui amène la véritable joie.


  1. Si je t'oublie, Jérusalem, que ma droite oublie... !


Tout ce qui, en nous, oublie Jérusalem, c'est à dire le lieu de la présence de Dieu, nous empêche d'exprimer la Volonté Divine dans le monde (notre « droite » peut représenter notre pouvoir d'action dans le monde) ; ce qui montrent que nous devons avant tout chercher à rétablir en nous-mêmes l'harmonie avec Dieu, car si cette harmonie n'est pas dans notre être intérieur alors aucune de nos paroles ou de nos actions ne le sera, quoi que l'on fasse.


  1. Que ma langue colle à mon palais si je ne pense plus à toi, si je ne fais passer Jérusalem avant toute autre joie.


Sur cette expression « Que ma langue colle à mon palais », un prêtre catholique m'a expliqué que l'on peut y voir une méthode comme dans les techniques orientales où le yogi en méditation colle la langue à son palais pour rétablir en lui-même une circulation énergétique harmonieuse. On peut également dire que cette expression traduit l'incapacité de louer véritablement Dieu et de parler selon Sa Volonté lorsque notre conscience n'est pas en sa présence.


  1. Seigneur, pense aux fils d'Édom, qui disaient au jour de Jérusalem : « Rasez, rasez jusqu'aux fondations ! »


On peut dire qu'ici nous faisons appel à Dieu pour qu'il nous montre à quel moment nous avons chuté, de quelle manière nous nous sommes éloignés de Lui, comment les forces de babylone, en nous, exercent leur pouvoir.

Les parties egoiste de notre âme voudraient nous débarrasser de notre conscience divine qui les gènent, en la détruisant jusqu'à ses fondations. Ce qui n'est pas faisable puisque ces fondations sont notre essence même... Par contre le psalmiste retourne ici cet appel contre les forces du mal qui sont en lui, pour qu'elles soient purifiées jusqu'à leur racine, jusqu'à leur origine ; ce qui est tout à fait possible puisque, comme le dit Saint Augustin, le mal n'existe pas en lui-même, il est une déformation du bien.

Ce psaume est construit sur le modèle de nombreux autres : D'abord il exprime l'état de celui qui s'est perdu, qui s'est éloigné de la lumière, puis il appelle à la purification, par l'action de Dieu (ce que l'on va voir dans les versets suivants). Cette manière de faire suit en fait les étapes que l'on doit suivre pour être purifié d'une tendance négative : d'abord la reconnaître en nous, ne pas la nier, ne pas la refouler, puis la placer devant Dieu et faire appel à sa Grâce, à l'énergie divine. Bien sur, la première de ces étapes est parfois douloureuse, -dans le sens ou une émotion négative n'est pas agréable à ressentir et dans le sens ou le fait de voir un de nos défauts écaille la belle couche de verni dont nous nous sommes recouverts par orgueil- mais sans passer par elle aucune purification n'est possible. Pour purifier l'orgueil par exemple on doit commencer par le reconnaître en soi, le regarder bien en face, le ressentir, voir comment il s'exprime dans notre vie, accepter qu'il soit là et qu'il ne va pas forcément partir tout de suite... Parfois nous hésitons aussi à ressentir nos aspects sombres par peur qu'ils se mettent alors à nous dominer ; mais c'est tout le contraire qui se passe : plus un de nos travers est conscientisé et moins il peut nous diriger.


  1. Fille de Babylone, promise au ravage, heureux qui te traitera comme tu nous as traités !


La fille de Babylone est la partie de notre conscience issue de la domination de notre personnalité par l'égo. Ce verset est donc un appel à la purification afin que la Grâce nous libère des obscurcissements générés par nos désirs égoïstes.


  1. Heureux qui saisira tes nourrissons pour les broyer sur le roc !


Ce verset, en apparence cruel, nous invite en fait à nettoyer dès leur apparition, tous les rejetons de cette manière égoïste de fonctionner : nous devons briser nos mauvaises pensées tant qu'elles sont comme des nourrissons, avant qu'elles ne grandissent et ne deviennent plus difficiles à déraciner de notre être. Le psaume nous invite à les briser sur le roc qui est Dieu. En effet, on voit par exemple au verset 32 du psaume 19(18) : « Qui donc est le Roc hormis notre Dieu ? ».

Pour le chrétien, le Christ et son enseignement sont également le roc sur lequel il s'appui et qui sert de fondation à tout son être : « Ainsi tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et les met en pratique peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc ». (Mt 25, 24).



On peut donc en déduire que ce psaume nous libère des forces de l'égo qui voudraient dominer notre âme afin de la replacer dans la lumière divine ou sa plus grande joie se trouvera dans un état de conscience conforme à sa nature profonde et imprégné de la présence de Dieu.


On voit donc ici que lorsque nous chanterons les psaumes, il faudra bien se garder de le faire en pensant aux ennemis ou aux incroyants extérieurs à nous mêmes. Car cela aurait pour effet de nous rendre impatients, intolérants et d'amenuiser en nous le feu de la Charité. Il faudra donc nous tourner à l'intérieur et c'est là que la grâce agira, par les psaumes, pour purifier peu à peu en nous toutes les forces qui s'opposent à Dieu.

Les psaumes pourront également être chantés ou récités pour le monde entier... Non pour lutter contre les personnes qui infligent de la souffrance aux autres mais pour purifier en eux et en tous les êtres toutes les tendances négatives. N'oublions pas cependant que s'il est salutaire que cette purification s'étende au monde, le premier pécheur dont nous devons nous préoccuper est celui que nous sommes.


Saint Benoit recommandait à ses moines de réciter tout le psautier en une semaine car ces 150 prières purifient tous les facettes de notre âme et constituent 150 vaccins que nous devons prendre régulièrement pour que le mal ne puissent plus nous contaminer. L'ensemble du psautier présente en effet des remèdes à toutes les tentations que nous pouvons rencontrer.

Si l'on choisi cette pratique de la récitation des psaumes on pourra donc réciter l'ensemble du psautier en 1, 2 ou 3 semaines, ou bien tous les mois, selon le temps que l'on souhaite y consacrer.

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